Jade Andrea [validé]

Nom : Andrea
Prénom : Jade
Nom Garou : *
Lignée : homidé
Age : 19 ans
Tribu : Fils de Fenris
Auspice : Ahroun
Totem personnel : Fenris

Meute : *
Totem de la meute : *

-

Attaque : 4
Défense : 2
Agilité : 0
Santé : 1

Attributs :
- Force :
- Dextérité :
- Vigueur :

Compétences :
- Hache (Fils de Fenris)
- Bagarre (Ahroun) (ATQ +2)
- Lame longue (Fenris)
- Pulsion primale

Dons :
-

Equipement :
- veste en toile (DEF +1)

Description physique :
[POV Max]
Ce qui m'étonnera toujours, chez Jade, c'est son regard. De grands yeux bleu sombre qui vous fixent et vous suivent, donnant l'impression qu'ils ne vous lâcheront jamais... Et même dissimulés par quelques mèches de ses cheveux noirs, trop courts pour être attachés, ils trouvent le moyen de vous transpercer. C'est comme si elle était capable de regarder partout à la fois, sans pour autant vous lâcher du regard. On me traitera peut-être de fou, mais quand mes pupilles rencontrent les siennes, sa détermination et son assurance m'immobilisent, me piègent... Elle ne se contente pas de guetter le moindre de mes gestes : elle me paralyse pour détecter plus facilement le moindre mouvement dans l'ombre. La première fois que je l'ai rencontrée, je me suis arrêtée à sa silhouette, mais ce serait une grave erreur... Ce n'est pas son look un peu gothique, ses ongles noirs et son maquillage qui peuvent inquiéter. C'est son regard.
[POV Gabriel
Moi, ce que je retiens, ce sont les traits de son visage. On peut dire qu'elle tient de sa mère ! Ce petit nez, cette bouche qui semble incapable du moindre sourire... Sourire qui peut pourtant éclairer son visage si elle abaisse assez sa garde pour s'en autoriser un. J'aurais aimé qu'elle tienne un peu de moi... Mais depuis son changement, je suis le plus heureux des hommes. Sous sa forme animale, Jade devient une imposante louve grise, digne fille de Fenris. Son regard ne change pas, comme si c'était sa marque de fabrique. Quant à ses formes, elles sont toujours aussi harmonieuses. Mais ce qu'elle tient de moi, outre cette fourrure aux différentes nuances de gris - le dessus de sa tête et les extrémités de ses pattes et de sa queue étant plus foncés que le reste de son corps, tandis que le contour de ses yeux est particulièrement clair, ce qui fait évidemment encore plus ressortir ses yeux - c'est cette mâchoire plus large que la moyenne, et peut-être légèrement plus puissante...

Caractère :
[POV Max]
Comment je la décrirais ? Vous foutez pas de moi, je viens de le faire !... Ah, son comportement... Ça vous intrigue, hein ? Cette fille est comme un animal sauvage. Au début, je la voyais plutôt comme une sorte de lionceau qui aurait perdu sa mère, un petit animal qui avait besoin de réconfort, de sécurité, d'être apprivoisé. J'étais fier de pouvoir veiller sur elle, la protéger. La sentir dépendre de moi, refuser que je la laisse seule... Mais en fait, elle ne supporte pas les autres. Je ne m'en rendais pas compte, parce que j'étais flatté ! J'avais l'impression d'être le seul à pouvoir la comprendre, le seul qu'elle autorise à se rapprocher d'elle... La vérité, c'est que cette fille est une malade. Il suffit qu'on la regarde de travers pour qu'elle s'énerve ! Si on l'approche de trop près ou qu'elle se sent menacée, elle devient violente. C'est la même chose si on touche ce qui lui appartient... C'est comme si elle protégeait son territoire. Possessive, violente, sauvage. Vous voyez ?
[POV Gabriel]
Ma petite Jade est finalement bien plus apte que moi à servir Fenris ! Du point de vue d'un humain, c'est une déséquilibrée. Mais pour moi qui l'ai observée durant toutes ces années, c'est de la fierté que je ressens quand je pense à elle. La règle d'or, pour des êtres comme nous, est de ne jamais refuser un combat. Et elle, au moindre signe de menace, n'hésite pas à provoquer la bagarre ! Elle est fière et courageuse, impitoyable et même sadique. Certains vous diront qu'elle est insolente, qu'elle ne respecte personne. Ce serait faux. Bien sûr, elle n'est pas du genre à aller vers les autres. Mais quand quelqu'un prend le temps de se faire accepter, son attitude change. Du reste, depuis l'accident, elle n'a rien à voir avec la Jade que sa mère a élevée...

Histoire :
[POV Gabriel]
J'ouvre les yeux. Une chambre d'hôtel. La même qu'il y a deux heures. Jusque là, tout est normal. Me redressant, je cherche Clara des yeux. Elle est bien là, debout au milieu de la pièce, faisant des efforts démesurés pour refermer sa robe blanche. Je sors du lit et m'approche d'elle en souriant.
« Besoin d'un coup de main ? »
Elle se retourne, légèrement surprise, et efface aussitôt la moindre trace de sentiment de son visage.
« S'il te plaît. »
Je la sens frissonner alors que mes doigts frôlent sa peau, et m'arrête un instant pour caresser ses cheveux noirs. Je sais ce qui la tracasse. Je sais ce qu'elle va dire. Ma belle Clara... Je referme sa robe, et elle se retourne aussitôt.
« Gaby, c'est la dernière fois que nous nous voyons. »
Je souris une fois de plus, l'entoure de mes bras et fais comme si je n'avais pas entendu. Après tout, je m'en doutais. Après un temps, elle se dégage de mon étreinte, contemple un motif sur le sol qu'elle doit être la seule à voir, puis relève brusquement les yeux vers moi.
« Gaby, je suis enceinte. »
Je souris. C'est tout.
« De... De mon mari, évidemment ! »
Elle gesticule, regarde ailleurs, et je dois dire que son comportement me surprend ! Elle n'a jamais été capable de me mentir, alors pourquoi maintenant ? Ceci dit, je n'ai jamais su faire autre chose que sourire face à elle, et pourtant... Au bout d'un moment d'immobilité, je fais demi-tour pour m'asseoir sur le lit. A croire que tous les calmants qu'ils m'ont fait avaler tout au long des dix dernières années ont fait leur effet.
« Evidemment. »
Le mot s'échappe sans mon consentement, et je me demande ce que je serais capable de faire sans m'en rendre compte. Elle s'agite toujours. Que fait-elle encore ici ? Elle est toujours la première arrivée et la première partie...
« Ecoute, ne cherche pas à me contacter, et encore moins à me revoir. Ce n'est pas par gaieté de cœur que je fais ça. Je dois profiter de cette occasion pour... Pour... »
Je soupire.
« Pour essayer d'être heureuse ? »
Elle me lance un regard noir. Je souris. J'enfile mon tee-shirt. Elle continue à arpenter la chambre, semblant chercher autre chose à dire. Au trente-quatrième aller-retour de la soirée, je suis habillé.
« OK Clara. Tâche d'être heureuse. »
Je me dirige vers la porte, du pas le plut lent qui soit.
« C'est tout ? »
Une main sur la poignée de la porte, je m'arrête.
« Tu t'attendais à quoi ? »
Pas de réponse. J'ouvre la porte. Le silence. Je sors. Pas de dernier regard, je ne veux pas lui accorder cette faveur. La porte se referme. Je m'adosse à cet obstacle, et ça y est. Clara éclate en sanglots, tandis que mes ongles s'enfoncent dans le bois de la porte. Des ongles ? Non : des griffes. C'était moins une...

Une fois calmé, je repasse sous ma forme d'homidé. Je remercie intérieurement cet hôtel miteux de ne pas disposer de caméras de sécurité et sors de la chambre inoccupée dans laquelle je me suis introduit. J'ai entendu Clara partir il y a une demi-heure, je ne risque plus de la croiser. Je vais respecter sa volonté : ne pas chercher à la revoir, ni à l'appeler. Malgré les apparences, Clara est une femme bien. La femme que j'aime. Depuis notre rencontre, je suis humain. Enfin, je l'étais... Et maintenant ? Allez, Gaby : la vie continue ! J'ai intérêt à faire le plein de cachets si je tiens à rester en ville... Parce que, oui : j'y tiens. Il y a une chance pour que cet enfant soit de moi. Une chance pour que ma progéniture soit comme moi. Et quand il ou elle s'en rendra compte, ce n'est pas Clara qui va pouvoir l'aider ! Et puis, que pourrais-je faire de mieux ? J'ai déjà tant violé la Litanie... Quelle meute voudrait de moi ? Les humains ont fait de moi l'un des leurs, alors au point où j'en suis...

Sept mois et demi plus tard, je jubile ! La petite est née hier, lors de la Pleine Lune. L'auspice d'Ahroun... Je remercie d'un sourire l'infirmier qui vient de m'apprendre la nouvelle et quitte l'hôpital. Comme je l'avais dit, je n'ai pas essayé de revoir Clara. Ce que je sais de notre enfant, c'est cet infirmier qui me l'a appris, et seulement parce que je me suis lié d'amitié avec lui, au fil de mes visites hebdomadaires à l'hôpital. Mon psy sera ravi d'apprendre que l'enfant s'appelle Jade et est en parfaite santé. Il me réprimandera parce que je ne devrais pas m'intéresser à elle, mais ça lui donnera l'occasion de se payer la Porsche sur laquelle il lorgne depuis quelques semaines. Et puis, surtout, il me prescrira des cachets. C'est ce que j'appelle un échange de bons procédés...

Le mois dernier, Jade a eu trois ans. Sa mère s'est empressée de l'inscrire à l'école maternelle, et la voici aujourd'hui devant le portail de l'établissement en question, tandis que je l'observe de loin, planqué dans une voiture. Cette fois, c'est une voisine de Clara qui m'a transmis l'information. Au bout de seulement quelques bières. Ça a été l'Enfer pour qu'elle me laisse partir, tellement elle était contente d'avoir quelqu'un à qui raconter sa vie. L'Enfer. J'aime bien ce mot. Les humains l'emploient si facilement... Et ils ont raison. Le Ver et la Tisseuse sont beaucoup plus à craindre... Brusquement, je me fige. Elle s'est retournée. Jade a tourné son visage vers moi. Est-ce qu'elle m'a vu ?... Peu importe. Je n'avais pas réalisé à quel point elle avait grandi ! Elle sourit, sautille, danse alors qu'elle s'amuse avec l'une de ses nouvelles camarades. Bientôt, la grille s'ouvre, Jade embrasse sa mère, et j'étouffe un grognement, tendant la main vers ma boîte de pilules. Demain, c'est décidé : je reprends contact avec mon psy...

A dix ans, son entrée au collège. Quatre ans plus tard, le lycée. Je ne l'ai pas lâchée. Elle grandit si vite et si bien ! Elle s'est entourée d'une flopée d'amis, sa mère est si fière d'elle... Et moi, je suis fier de Clara. Sans aucun doute, elle a fait le bon choix. C'est ce que je me répète chaque fois que je réalise que, pour ma fille, je suis un étranger. Quinze ans déjà. Quinze ans que je ne pense qu'à elle, que je fais des pieds et des mains pour en apprendre plus sur elle. Quinze années que j'attends sa première transformation. Je reprends une pilule. Bientôt, elle changera...

[POV Max]
Cette fille est bizarre. Tout à l'heure, elle avait l'air paumé, mais là, c'est différent. Dès qu'elle est entrée dans ce bar, elle m'a attiré. J'ai su qu'elle était spéciale, et ça me plaisait ! Mais là... Dès que quelqu'un l'approche, elle se planque derrière moi. Elle a quoi ? Seize ans ? Dix-sept ? Pas plus, en tout cas. Ça fait toujours cinq ans de moins que moi. Tout ce que j'ai fait, c'est lui demander si elle allait bien et lui donner à manger. Je ne lui ai rien promis. Et elle ne m'a rien répondu... Et pourtant, elle a l'air de compter sur moi. Comme si j'étais le genre de mec sur qui on peut compter ! Je la regarde. Elle ne sourit pas. Elle a l'air si triste, si choquée... Mais qu'est-ce qui a bien pu se passer ?... Je tourne la tête. De l'autre côté de la fenêtre, toujours le même mec. Il avait l'air de la suivre. Peut-être qu'il l'a agressée ? En tout cas, pas question que je le laisse l'approcher ! Et puis, si elle compte autant sur moi, ce n'est pas pour que je la lâche maintenant, hein ?

[POV Gabriel]
Je n'y crois pas. Je n'y comprends rien. Assis sur un banc depuis près d'une heure, je fixe du regard Jade, assise de l'autre côté d'une vitre, dans un bar. Quelle idiote ! Ceci dit, elle doit avoir du mal à s'en remettre. Tout à l'heure... Ce n'est pas possible ! Pour une fois, je ne la suivais pas... Je venais de sortir de la pharmacie quand je les ai vus. Jade, Clara et son mari, dans une voiture. Clara a traversé le pare-brise. Son mari, défoncé la vitre avant gauche. Heureusement, Jade n'avait rien ! Mais elle a dû être tellement choquée... Elle a détaché sa ceinture et s'est enfuie, pour finalement entrer dans ce bar. Putain d'agoraphobie. Putain de cachets abandonnés sur le trottoir. Putain de mec auquel elle se colle tandis qu'il me fixe pour me faire comprendre que je peux toujours rêver si je veux lui parler. C'est ma fille, bordel ! Je me relève, conscient de ce qui me guette si je ne me calme pas tout de suite. Ce mec a gagné pour ce soir. Mais s'il lui fait du mal, je ne réponds plus de mes actes.

[POV Max]
Trois mois. Ça fait trois mois que ce connard de vieux a emménagé en face de chez moi. Je fais mon possible pour que Jade ne le voie pas, mais je commence à manquer de raisons de l'empêcher de sortir. D'ailleurs, quand on sort, elle est tellement nerveuse que je ne sais plus quoi faire pour la calmer. Elle a déjà envoyé deux mecs à l'hôpital, et je ne donne pas cher de la peau de notre cher voisin s'il s'en approche. Un de ces jours, il faudra qu'on ait une petite conversation lui et moi.

[POV Gabriel]
Une main sur ma gorge. Je souris. Monsieur le garde du corps s’est enfin décidé à passer à l’action. J’en aurais presque lâché mes clopes - mais je ne fume pas. J’ignore d’où me vient cette récente obsession pour les cigarettes. Peut-être du nombre de paquets que Max fume par jour ? Moi, au lieu de ça… Bah, même lui sait ce que je fais.
« Du calme. »
Mon sourire n’a pas l’air de lui plaire, mais il devra faire avec. Ce que j’aime ce mec ! En un seul mouvement, je me dégage, le plaque contre le mur et mets sa technique en application. En sentant cette pression bien plus élevée que celle qu’il est capable de produire, il commence à flipper. Parfait ! Avec l’air du mec sûr de lui, je balance mentalement la clope invisible qui me donnerait tant de classe.
« OK mec, qu’est-ce que tu veux savoir ? »
Trop facile. Le mec ne répond pas, mais je lis en lui comme dans un livre ouvert.
« Très bien. Alors je vais faire les questions et les réponses. Ce que je veux à Jade ? Rien. Juste veiller sur elle, comme tu crois le faire. Ce que je cache ? Rien ! Ce que je fais dans cet immeuble ? J’y vis. Ma boisson préférée ? Thé glacée à la framboise. Autre chose ? »
J’ai oublié pas mal de trucs, mais dans l’ensemble, je suis fier de moi.
« Qui êtes-vous… Et qu’est-ce que vous savez sur elle ? »
« Je sais ce qui est écrit sur sa carte d’identité. Je sais qu’elle est née à Paris, qu’elle a grandi en banlieue. Je peux te citer tous ses anciens amis, te montrer toutes ses photos de classe. Je connais par cœur ses chansons préférées. J’étais fou amoureux de sa mère. Je sais tout ce qu’elle a oublié. »
Ce n’est même plus de la surprise ! On dirait qu’il a vu un fantôme.
« Soit vous êtes dingue… »
Je le vois hésiter, chercher, calculer… Mais rien n’y fera.
« Soit je suis son père. »
Première fois de ma vie que je dis une telle chose. C’est dingue ce que ça fait comme bien ! Après réflexion, j’aurais pu le laisser finir lui-même sa phrase. C’est cool aussi de l’entendre de quelqu’un d’autre.
« Mais elle ne se souvient pas de vous ! »
Je soupire. Comme s’il m’apprenait quelque chose !
« Et pour cause : elle est amnésique ! »
OK. Cette fois, c’est moi qui parle pour ne rien dire.
« Mais vous n’avez pas… »
Il s’interrompt. Pourquoi il s’interrompt ?! Et son regard… Je me fige à mon tour. Quel con !
« Jade… »
Première fois que je m’adresse à elle. Peut-être la dernière. Hey ! Gaby, magne-toi de réfléchir ! Bon, déjà, si je ne le lâche pas tout de suite, elle va me tuer. Ça y est. Maintenant, il y a une porte à cinq mètres derrière moi, et une autre juste derrière elle. Ça va le faire. J’attrape Max et le jette sur Jade qui le réceptionne, me laissant le temps de fuir. Une fois à cinq rues de mon appartement, je ne me sens toujours pas en sécurité. Je crois que je viens de gâcher toute chance de me faire accepter…

[POV Max]
Je suis mal. OK, résumons. Cette fille que je trouvais seulement bizarre est en train de se transformer en… En… OK. Si j’en vois plus, je vais devenir dingue ! Elle n’est pas humaine. Je sais, ça ne m’aide pas beaucoup, mais c’est la seule chose que je sois en état de dire à un moment pareil. Je ne sais pas ce qu’elle est, et franchement, je ne vois pas quel intérêt j’aurais à le savoir. Je ferais mieux de me barrer pendant qu’elle se bat contre ces mecs. Et si possible, quitter l’appart’ avant son retour. Ça va le faire. Merde !

[POV Gabriel]
La place de l’Etoile. Ça va faire deux semaines que je suis revenu à Paris, et c’est la première fois que j’ose m’aventurer dans ce quartier. Plus d’un an sans nouvelles de Jade. Pourquoi revenir maintenant, alors que je me suis enfui comme un lâche ? Sûrement parce que j’espère… J’emprunte une avenue, puis une rue, je suis un trottoir qui n’en finit pas. Quelques croisements, quelques passants. Ce n’est pas ce qu’on trouve le plus à une heure du matin - quoi que. J’arrive dans notre ancienne rue, près de mon ancien appartement. Un coup d’œil à travers mon ancienne fenêtre : un couple m’a succédé. L’appartement voisin est plongé dans la pénombre, et j’en conclu qu’il est vide. Max et Jade ne se coucheraient jamais avant trois ou quatre heures, ils doivent être sortis. Je continue, m’approchant de cette station de métro dont Jade oublie toujours le nom. Métro. Je réalise soudainement ce que je suis devenu. Un humain ! Je n’aurais aucun mal à rentrer en moins d’un quart d’heure sous ma forme de loup. Au lieu de ça, je fouille les poches de ma veste à la recherche d’un ticket. Quel être pitoyable que le loup-garou sous cachets ! Je m’arrête brusquement. Quelque chose cloche. J’entends des pas mais ne vois personne. Je me retourne…
« Jade ! »
Le mot s’est échappé de mes lèvres. Deuxième fois que je m’adresse directement à elle. Je doute qu’elle m’ait entendu, mais… Elle avance de quelques pas, et je me rends compte que, entendu ou non, elle m’a repéré. Je vais à sa rencontre, la rejoignant dans la ruelle. Que fait-elle ici ? Surtout sans Max ! Nous nous rapprochons, et je me rends compte de mon erreur. Ce n'est pas elle. Ce n'est pas la Jade que je connais. Même sans l’avoir vue pendant un an, si je suis capable de reconnaître sa présence, alors je peux dire que sa silhouette est différente. La lumière d’un lampadaire baigne un instant ma fille et confirme mes pensées. Elle a changé.
« Jade… »
Que dire de plus ? Le seul souvenir qu’elle doit avoir de moi est celui de notre dernière rencontre. Autant dire que, si elle reste sous cette forme, ou qu’elle parvient au stade intermédiaire, je suis mort. Je m’arrête. Il est trop tard pour moi. J’ai eu beau croire que je ne vivais que pour ce moment, je dois bien avouer que la perspective d’expliquer à ma fille pourquoi et comment elle a pu passer de l’apparence d’une humaine à celle d’une femme-louve me semble assez utopique. Là, je l’imagine plutôt se jeter sur moi et me dévorer. Ceci dit, si elle me dévore, ma seule contribution aura été de lui faire violer la Litanie.
« Jade, tu dois trouver cette situation assez inquiétante, mais je t’assure que tu n’as pas à t’en faire. »
Elle s’approche, encore et toujours, avec une démarche que je qualifierais bien de féline - même si ce n’est pas exactement ce qu’elle est devenue. Devenue… Je suis vraiment à des années-lumière de la vérité. On ne devient pas loup-garou. On naît ainsi. Mes yeux plongent dans les siens, et loin de lui expliquer tout ce qu’elle serait en droit de savoir, je ressens brusquement le besoin d’inspirer et d’expirer aussi profondément que possible. De toute façon, elle n’est pas disposée à m’écouter. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, mais si son instinct prend le dessus, je n’aurai vraiment servi à rien.
« Ne t’approche plus de moi. »
Croyez-le ou non, mais dans ce moment critique, je suis tout de même capable de sourire. Si, si. Il y a trente secondes, je voyais ma dernière heure arriver, et à présent, non seulement ma fille me parle - pour la première fois - mais en plus, elle me laisse une chance d’échapper au pire. A croire qu’elle est plus humaine que je l’avais pensé… La vérité, c’est qu’elle est tout à fait consciente que je ne représente absolument pas une menace pour elle. Sait-elle qui je suis, ou ne perçoit-elle que ma faiblesse ? J’aurai encore tout le temps de me le demander. Jade a changé, j’en ai eu confirmation. Maintenant, je vais profiter de cette chance qu’elle me laisse pour méditer sur mon échec. Je m’éloigne, restant sur mes gardes, mais trop vieux et trop faible pour réagir au cas où elle déciderait d’en finir. Si je quitte cette ruelle vivant, je jure de ne plus jamais la suivre... Me voilà devant la station de métro. Elle ne m’a pas suivi. Espérons qu’elle ne fera pas mes erreurs… Une jeune femme me sourit. Est-il possible que… ? Je lui rends son sourire. Finalement, je n’aurai réellement servi à rien. Moi qui espérais être utile à Jade… Je suppose que celle que je viens de croiser fera mieux que moi…